Ceux de là-bas – Patrick Senécal

Présentation :
● Titre : Ceux de là-bas
● Auteur : Patrick Sénécal
● Maison d’édition : ALIRE
● Collection :
● Date de Parution : Novembre 2019
● Nombre de pages : 544 pages
● ISBN : 9782896152070

Résumé :

À l’aube de la cinquantaine, Victor Bettany est psychologue auprès des étudiants du cégep de Drummondville. En excellente forme physique, c’est toujours à pied qu’il se rend au boulot… ou au CHSLD afin de rendre visite à son père, Philippe, aux prises avec l’alzheimer, et de soutenir sa mère, Thérèse, continuellement au chevet de son mari. Or, de voir dépérir son père perturbe Victor, lui qui a vécu il y a deux ans le décès accidentel de Roxanne, son amoureuse, et dont la peur de la mort s’amplifie en vieillissant. Mais, comme il le confie souvent à sa meilleure amie Lucie, Victor se sait capable de surmonter ses angoisses, et tout cela ne l’empêche pas de vivre sa vie, ni même de chercher une nouvelle âme soeur. Mais ce soir, sa rencontre avec une flamme potentielle ne s’est pas très bien déroulée et, plutôt que de revenir chez lui, Victor décide sur un coup de tête – qu’il va amèrement regretter quelques heures plus tard – d’assister à la première du nouveau spectacle de Crypto, un jeune hypnotiseur qui aime fouiller, paraît-il, dans les zones sombres de l’humain…

Mon avis :

Le roman Ceux de là-bas de Patrick Senécal n’est pas un roman d’horreur. Il s’agit plutôt d’un thriller psychologique et fantastique. Dans ce nouveau livre, nous faisons la rencontre d’un psychologue d’une cinquantaine d’années qui a une phobie : celle de mourir. C’est sur cette peur que se construit toute l’œuvre.

L’histoire se déroule au côté de Victor Bettany, un psychologue qui travaille au cégep de Drummondville. Il a une peur viscérale, même si elle ne l’empêche pas de vivre : il est effrayé par la mort. Athée, il ne croit donc pas au Paradis, ni à l’enfer en tant que tel. Il se pose plein de questions différentes. Un jour de sa vie banale, il se fait offrir une sortie inouïe : le spectacle d’un jeune hypnotiseur hors norme qui devient rapidement populaire.

Sincèrement, j’ai eu de la misère à embarquer au départ. Je ne savais pas du tout quel serait le sujet principal de l’œuvre. Je trouvais le résumé bien peu dévoilant. Cependant, je comprends que cela n’est pas évident de toujours trouver les éléments qui pourraient intéresser les lecteurs.

C’est vers la deuxième partie que j’ai réellement commencé à « embarquer ». Ce fut au moment que je comprenais que je lisais un thriller sur la mort que j’ai apprécié ma lecture. Les pages se tournaient rapidement. Je me posais plein de questions. Comment se pouvait-il que Victor ait ce genre de chose ? Pourquoi était-l un survivant ? Qu’est-ce qui le distinguait des autres ? Les réponses furent répondues une à une, tranquillement.

Une des choses que j’ai le plus apprécié de ce roman, c’est évidemment ce clin d’œil répétitif à sa précédente œuvre de l’année dernière : Il y aura des morts. La seule chose que je trouve un peu décevante, c’est que si on lit Ceux de là-bas avant ce dernier, on va se faire spoiler bien des scènes. Cependant, pour des lecteurs qui suivent ses publications avec attention, cela ne fait qu’augmenter le plaisir. Ces références à ses anciens livres sont un peu comme sa signature, à mon avis. Si on fait attention, on peut souvent en retrouver au moins un dans chacune de ses œuvres.

La seconde chose que j’ai appris à aimer, c’est le côté réflexif de son texte. Au départ, trop absorbé par ma lecture, je n’y ai pas fait attention. Mais lorsque j’ai eu fini le roman, je me suis posé la question que souvent Victor finissait par demander aux autres : « Et moi, ai-je peur de la mort ? ». J’ai été pendant un long moment à me poser sérieusement la question. C’est une chose à laquelle on pense, au moins une fois dans notre vie. Ce livre nous fait ressortir cette question, nous force à nous la poser. Êtes-nous plus comme Victor qui a peur de la mort, êtes-nous plus comme son amie Lucy qui est rationnelle et scientifique, êtes-nous plus comme sa mère qui n’a pas peur de la mort, qui dit l’accueillir les bras ouverts ou êtes-nous plus comme son père qui a peur de nous voir brûler en Enfer ?

Ce genre de questions m’a bouleversé pendant un moment. Personnellement, je suis athée. Je ne crois pas qu’il existe de paradis, ni d’enfer. Mais j’espère, j’ose croire parfois, que notre âme peut revivre, qu’elle peut trouver une autre façon de revenir. Un peu comme une réincarnation. Mais ce n’est qu’une suggestion à laquelle, à d’autres moments, je ne crois pas vraiment. Je suis un peu comme Victor : je songe à la mort sans savoir ce qu’elle est vraiment, et je m’angoisse à l’idée qu’il n’y ait rien. Ou plutôt « j’ai peu de ne pas savoir ». La peur de l’inconnu, littéralement.

Lorsque j’ai refermé ce livre, j’étais légèrement frustré et déçu. J’avais envie d’en connaître plus. D’avoir les réponses de Victor. J’étais même déçu de ne pas savoir ces réponses-là. Mais au final, j’ai compris que les réponses, on ne pouvait les avoir que par notre propre façon de penser.

Mais la déception et la frustration ont laissé place à une chose beaucoup plus forte : l’admiration. J’ai fini ce roman un dimanche et je publie ma critique un mardi. J’ai eu au moins 48 heures pour réfléchir, pour analyser, pour comprendre. Et c’est ce qui est arrivé : j’ai compris quelque chose d’important. Une phrase m’est revenue de plein fouet en tête : « Thanatos, c’est le frère jumeau de Hypnos. C’est le Dieu du sommeil. Il n’y a avoir de peur de dormir. » Cette perspective a su calmer mon angoisse. La Mort et le Sommeil sont deux frères jumeaux, selon la mythologique Grecque. Ainsi, pas de quoi d’avoir peur quand la mort nous accueille pour nous offrir le repos éternel.

Au final, est-ce que je relirai Ceux de là-bas ? Oui, assurément. Même si je n’étais pas certain de cela à la fin de ma lecture, maintenant, je le suis. C’est un roman psychologique, un thriller fantastique… Mais ô combien il fait du bien.

Il n’est peut-être pas mon préféré de Patrick Senécal, car je préfère de loin ses romans plus horrifiques, voire « gore »… Mais j’ai apprécié longuement cette nouvelle vision du monde qu’il m’a offerte. Pour cette simple raison, je me souhaite de trouver du temps pour le relire à tête reposée.

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