
Présentation :
● Titre : Anxieuse
● Auteur : Katherine Girard
● Maison d’édition : Éditions ADA
● Collection : Monarque
● Date de Parution : Novembre 2019
● Nombre de pages : 302 pages
● ISBN : 9782898038815
Résumé :
1996
Une jeune femme de dix-neuf ans, Audrey Brassard, quitte sa région natale pour entamer des études supérieures à Montréal. Ce déménagement est un choc pour cette enfant unique ; elle se retrouve seule et libre dans un loft en plein centre-ville après avoir vécu toute sa vie dans la campagne profonde, entre une mère étouffante et un père désinvesti.
Elle est bientôt la proie de crises étranges qui la laissent épuisée et tourmentée, crises qu’aucun intervenant ne semble pouvoir diagnostiquer avec justesse…
Parviendra-t-elle à surmonter toutes les épreuves de sa première année d’université malgré ses relations amoureuses compliqués et le peu d’appui de ses amies ?
Mon avis :
Il m’a fallu quelques mois avant d’oser lire Anxieuse de Katherine Girard. Ce roman m’effrayait. Il faisait grimper ma propre anxiété, littéralement. Des questions envahissaient aussitôt mon esprit chaque fois que mon regard se posait sur cette page couverture. Qu’allais-je y découvrir ? Que m’attendait cette lecture ? Et si je me reconnaissais ? Finalement, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai entamé ma lecture.
Sincèrement, ce fut difficile. Mais bien moins que je l’aurai cru. Cette œuvre explique parfaitement la notion du trouble d’anxiété généralisée. Audrey, âgée de dix-neuf ans, débarque toute seule dans la grande région de Montréal pour commencer des études supérieures en littérature. À peine débarquée dans son petit loft sur Saint-Denis, elle réalise qu’un problème cloche chez elle : une bosse est apparue sur son ventre. Mais son chaos ne s’arrête pas que là. Des nausées insupportables la prennent, des maux de ventre imprévisible, des étourdissements, une peur de manger. Tout ce symptôme physique bouleverse sa vie sociale, sa vie amoureuse, mais aussi ses études. Quand l’anxiété commence à gérer notre vie et que personne n’est en mesure de nous aider, l’espoir de vivre peut vite disparaître.
Ce roman me faisait peur, car je suis moi-même atteint d’un trouble d’anxiété généralisée. Diagnostiquée depuis moins d’un an, mais atteint depuis l’enfance, il s’agit d’un combat de tous les jours. Ce n’était donc pas la première fois que je lisais sur ce sujet, mais jamais je ne m’étais autant reconnue.
Katherine Girard parle d’une nouvelle façon de l’anxiété, celle des symptômes physiques qu’elle peut engendrer. Pour ma part, il s’agit de la première œuvre que je vois qui parle principalement de cela, et non des crises de panique. Ce nouveau regard sur cette maladie m’a fait du bien, elle a su me rassurer. Lorsqu’on est atteint d’une maladie et qu’on se reconnaît, on se dit comme Audrey qu’on n’est peut-être pas si fou que ça. Ce genre de roman est là pour ça, à mon avis : de rassurer les personnes atteintes, d’ouvrir les yeux à ceux qui ne comprennent pas et de permettre d’enlever le tabou sur cette maladie.
À plusieurs reprises, j’ai eu envie de pleurer et même de « rire ». L’auteure a su montrer la difficulté qu’une personne a de parler de notre maladie. Souvent, lorsque celle-ci est mentale, on a souvent les mêmes paroles – involontaire j’imagine ? –, mais qui ne font que plus faire mal :
« – Je vous rappelle si les prises de sang révèlent quelque chose, d’accord ? En attendant, si j’étais vous, je ne m’inquiéterais pas trop. Je suis convaincu que vous n’avez rien. Rien de physique, en tout cas. Allez ! Amusez-vous, profitez de la vie ! Vous êtes toute jeune encore, toute jolie, et sûrement très intelligente ! » (p.236)
Ce passage est un des éléments marquants du livre. Ces simples mots « ne vous inquiétez pas trop » peuvent être des mots destructeurs et que trop souvent, on peut entendre avec les maladies mentales.
Mais j’ai eu envie de pleurer, de rassurer Audrey, de la prendre dans mes bras surtout lorsque je la voyais être esclave de ses maux digestifs. Avoir la peur au ventre constamment, ce besoin de chercher une sortie lorsqu’on est dans un cours, cette habitude de mémoriser la position des toilettes à chaque nouveau lieu n’est pas un mode de vie facile. Comme Audrey le dit si bien dans le roman : « Il ne me servait à rien de lui expliquer que mes organes digestifs avaient désormais leur propre vie et qu’ils agissaient indépendamment de mes besoins physiques élémentaires, se manifestant bruyamment et constamment dans le seul but, aurait-on pu croire, de m’humilier en public. » (p.225)
Cette œuvre de Katherine Girard est un récit de fiction à la base, mais il décrit parfaitement ce que peut vivre une personne anxieuse. Il s’agit d’un roman que je conseille vivement à toute personne qui voudrait en apprendre plus sur ce que peut faire l’anxiété sur le corps, et non pas seulement sur le mental. L’emphase est mise sur les problèmes physiques d’une maladie mentale, ce qu’on voit que trop rarement.
Mais ce que j’ai le plus adoré, c’est qu’au travers d’un personnage secondaire, on illustre aussi le trouble alimentaire par la boulimie et l’anorexie. Il ne s’agit donc pas d’une seule maladie que l’on aborde, mais deux. Bien que l’auteure ne cherche pas à plus parler de l’anorexie ou de la boulimie, le fait qu’on y fait allusion apporte un intérêt pour le personnage de Julie. Ce personnage m’a fait réaliser qu’on retrouve souvent un réconfort chez les gens « comme nous », qui comprennent ce qu’on ressent, car ils vivent des épreuves similaires.
Sincèrement, il s’agit d’un roman que je recommande à tout le monde. Il permet de connaître en profondeur les épreuves que peut vivre en seulement neuf mois. Mais surtout, ce roman permet de comprendre que toute maladie mentale, même si elles ne sont pas visibles à l’œil nu, peut être mortelle. Et c’est quelque chose qu’encore en 2020, certaines personnes ne comprennent pas.
Anxieuse de Katherine Girard est un roman-choc. Il permet de réfléchir sur les conséquences des maladies sur les gens atteints, mais aussi sur les risques d’une maladie mentale qui peut ne pas être traitée à temps ou qui ne le sera jamais.